Mercredi 6h30, un rayon de soleil perce le rideau de la couchette pour venir me titiller un peu les paupières. J’aperçois le ciel bleu et dans la nuit le vent qui soufflait si fort s'était endormi. J'attend avec impatience le dernier bulletin météo marine qui interdisait hier soir toute tentative d’excursion en mer.

Finalement c'est feux vert pour une partie de la journée jusqu'en milieu d'après midi. Vite on prépare le bateau, on sécurise l'intérieur, le plein d'eau est fait, plus que le passage à la pompe et on largue les amarres.

Ne connaissant pas la méditerranée la prudence s'impose et j'identifie toutes les solutions de replis en prenant soin de noter tous les ports et la distance entre chacun. La mer est belle, presque trop belle. Petite brise de "sud est" force 1, une petite houle sous l'étrave, tout pile-poil.

Cap au 210 et c'est parti pour 7 heures de nav j'espère. Petit déjeuner en route, puis un café et un autre café tout en cherchant à apercevoir un aileron qui voudrais bien venir nous accompagner un bout. Nous n'en verrons pas bien sur mais ça nous auras occupés. L'air est frais, on respire à pleins poumons. Pas un bateau autour de nous hors mis quelques voiliers très loin sur la ligne d’horizon. De temps en temps la mer nous test avec nervosité comme pour nous rappeler que nous ne sommes que des invités et que c'est elle qui est à la manœuvre. Nous ne nous éloignerons pas à plus de 8 à 9 milles du trait de côte toujours prêt à virer à 90° au cas ou. Les bulletins météo se contredisent un peu trop souvent. Midi et déjeuner en paix, tiens y a encore du café.

On voit très bien maintenant les montagnes au loin dans la brume qui semblent émerger de la grande bleu.

Il est 15h00 et les choses commencent à s'animer un peu plus. Force 4 ça bouge mais ça va. Reste 10 milles pour rallier Collioure, on va bien finir quand même. Puis c'est force 5 et les moutons nous encerclent. Ces moutons sont carnivores et aiment bien la chair humaine, mais je n'ai pas l'intention de leurs servir de pitance Je tiens la barre un peu plus fermement. C'est pas drôle mais bon ça peu le faire. Le plan B commence à me trotter dans la tête et depuis un quart d'heures le port de replis est fixé sur la carte. Puis la houle se met en tête de nous prendre sur le travers, je réduit la vitesse. Je commence à tirer des bords tout en allongeant ceux qui nous rapprochent de la côte. Un coup face à la houle et l'autre coup houle par l'arrière. A ce petit jeux je sais que c'est elle qui aura le dernier mot, mais quand ? Le verdict ne se fait pas attendre. Tantôt 6, tantôt 7, en rafales. Le Lysiane n'est pas un voilier et cette fois on plie les gaules, dommage pour Collioure et cap sur le port de Cannet en Roussillon qui nous accueillera 30mn plus tard. Plus qu'à rincer le bateau à grande eau et attendre la prochaine fenêtre météo favorable. Voilà notre journée de nav dans toute sa banalité. Se fut malgré tout une super journée avec de supers conditions que l'on aimerai revivre assez souvent. La dernière heure de cette journée fait partie du jeux ma pauvre Lucette et si inconfortable fut elle elle m'aura certainement encore appris des choses et surtout la confirmation que la méditerranée est ultra bi-polaire.

Prochaine étape "Port Vendres" quand dame météo le voudra. Fort vent attendu pour demain.